
Madagascar est devenue une des premières destinations d’externalisation en offshore. Cette position est due aux avantages stratégies qu’offre la Grande Ile : un faible décalage horaire avec l’Europe, des ressources bien qualifiées, une connexion internet la plus rapide d’Afrique et surtout des coûts largement compétitifs.
En quête d’une plus grande compétitivité, les entreprises européennes profitent de cette manne de mains-d’œuvre « pas chères » malgaches. Certaines déconsidèrent la réalité économique à Madagascar tout en dévalorisant la compétence des travailleurs malgaches.
Donneurs d’ordre et externalisation : le contexte
Les entreprises européennes optent pour l’externalisation pour réduire les coûts et garder leur compétitivité. Elles ont trouvé la meilleure solution : l’outsourcing à Madagascar. Un pays parmi les plus pauvres du monde, mais qui regorge de ressources qualifiées dans différents domaines : rédaction de contenu, community management, comptabilité, data entry…
Comme Madagascar est un pays pauvre, les décisionnaires de ces entreprises européennes pensent à des tarifs au rabais. De plus, en faisant quelques recherches sur Internet, ils découvrent que le SMIC malgache n’est qu’à 42€.
En lisant les devis des prestataires ou freelances malgaches, il leur est incompréhensible de débourser 1000€ par mois pour un.e rédacteur.trice à plein temps avec une charge de production de 1500 mots par jour. Certains clients osent même écrire : « Nous vous payons 4 fois le SMIC malgache, estimez-vous heureux ! ».
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Un déphasage par rapport à la réalité
Avant de négocier les prix, les donneurs d’ordre devraient se renseigner sur la réalité économique à Madagascar.
En premier lieu, le SMIC malgache de 42€ est largement insuffisant pour bien vivre si l’on prend en compte le taux d’inflation au pays. Il est aussi important de souligner que le SMIC n’est appliqué aux ouvriers, petites mains et tâcherons et non aux personnes ayant des diplômes d’enseignement supérieur ou des qualifications spécifiques.
Malheureusement, les donneurs d’ordre se basent sur ce SMIC pour évaluer le coût de l’externalisation de leurs travaux. Ils ne considèrent pas non plus la réelle valeur de leurs prestataires en offshore, l’investissement dans les formations aux métiers, le coût des télécommunications, le loyer, les taxes et impôts.

Avant de négocier le tarif, il faudrait considérer la réalité économique du pays où externaliser.
Combien dépensent les Malgaches pour travailler ?
Avant d’avancer la liste des dépenses mensuelles des freelances malgaches, nous vous présentons les salaires moyens des Malgaches en entreprise.
- Salaire moyen d’un diplômé BAC + 2 ou BAC + 3 : entre 100€ à 200€
- Salaire moyen d’un cadre junior : entre 250€ et 500€
- Salaire moyen d’un cadre supérieur : entre 500€ et 2500€
Voici à présent une estimation des dépenses mensuelles d’un freelance malgache. Une estimation qui devrait aider les donneurs d’ordre à comprendre les tarifs appliqués par les prestataires.
- Abonnement internet : entre 65€ et 200€
- Eau et électricité : à partir de 30€
- Loyer : à partir de 115€ pour un petit local en banlieue d’Antananarivo.
- Commission de rapatriement de devises : taux variable selon la banque, le cours de la Banque Centrale de Madagascar.
Pour les agences d’externalisation malgaches, il y a l’IRSA et l’impôt sur le revenu : calculé sur la base du chiffre d’affaires (pour les entreprises), sans oublier les charges patronales à hauteur de 14% du salaire brute par salarié.
Vous l’aurez compris, même avec 4 ou 5 fois le SMIC malgaches, un prestataire malgache ne va pas entrer dans ses frais, sans compter les coûts des formations et la valeur de ses compétences…
Externalisation : attention au cost-killing
Les donneurs d’ordre européens sont très à cheval sur les prix appliqués par les prestataires que certains avancent des tarifs au rabais. Et nous le savons tous que qualité ne rime pas souvent avec qualité.
Il faudrait alors faire attention lors de la sélection du ou des freelances avec qui collaborer. Le côté humain devrait aussi être pris en compte et surtout la réalité économique du pays. L’idée est de faire une externalisation responsable en mettant au cœur de la démarche le côté humain de la collaboration.